MetalQuébec (Septembre 2002)

Entrevue avec la formation belge D.Majiria, un projet Metal au style varié. Le groupe, en effet, ne s'inscrit pas au sein d'un courant musical spécifique, tels ces projets divers se revendiquant d'une allégance à un sous-mouvement Metal ou un autre, mais incorpore diverses influences afin de modeler son propre son, avec un résultat intéressant. Nous avons contacté le groupe, afin de savoir quelle sera la suite au mini-album Acide.com, et ce que les gars nous réservent pour l'avenir.

AF : Tout d'abord, peux-tu nous renseigner un peu sur la scène en Belgique d'où vous provenez, est-elle en santé ?

Notre petit pays est coupé en 4 ! La Flandre, la Wallonie, les cantons de l'est et Bruxelles. Seul la Wallonie et Bruxelles sont francophones. La scène francophone s'oriente principalement vers la pop-rock et une scène plus alternative où une multitude de jeunes groupes évoluent dans des styles allant du métal au ska. Les structures manquent cruellement pour pouvoir se produire et se faire connaître. Très peu de salles de concerts et beaucoup de cafés-concerts pour les plus chanceux. En Flandre, une scène métal existe mais n'innove pas beaucoup. C'est principalement du death et du hard-core. Pour tout dire, nous nous sentons un peu marginaux par rapport à la scène belge.

AF : Est-ce difficile de chanter en français en Belgique pour un groupe Metal ?

Difficile non ! C'est notre langue maternelle? :-) Le public francophone, en général, n'entend pas trop la différence. Les textes s'orientent vers des sonorités anglophones. Nous avons déjà eu l'occasion de jouer devant un public néerlandophone et il était plus que réceptif et parfois moins surpris de nous voir utiliser le français que certains Wallons.

AF : Quelles sont les influences principales de D.Majiria, une critique en particulier mentionnait Tool, Alice in Chains et Pantera, ces comparaisons sont-elles exactes ?

Ce sont des "grands frères" mais on ne veut pas s'en inspirer. Chacun d'entre nous arrive avec son bagage musical ce qui nous permet de mélanger tout puis partir vers un trip plus personnel.

AF : Est-ce que la réponse à votre album Acide.com a été satisfaisante, tant au niveau des ventes, de l'accueil du public et de la presse ?

Nous sommes assez satisfaits. Les commentaires et l'accueil du public sont souvent positifs. Le seul souci d' "Acide.com", c'est qu'il n'est pas totalement représentatif de ce que l'on peut donner sur scène. L'EP a été enregistré et mixé en trois jours. Ce fut une bonne expérience car nous voulions maîtriser toutes les étapes de la conception du disque. Les prochains enregistrements devraient être plus aboutis. On prendra le temps nécessaire pour produire "l'album idéal".

AF : Avec quelles formations les membres actuels de D.Majiria ont-ils joué avant de se joindre au groupe ? Jouez-vous encore dans d'autres projets que D.Majiria ?

Une partie du groupe provient d'"Arkham Meha" qui marchait pas mal jusqu'au split en 1997. "Dust", "Timber" et encore maintenant "Defuse" sont des formations dans lesquelles nous avons joué.

AF : Avec quels groupes aimeriez-vous vous produire en spectacle ?

Certains sont hypothétiques, d'autres se réaliseront peut-être bientôt. On se verrait bien avec des groupes comme "Lofofora", "Soulfly", "Korn", "Mass Hysteria", "Pleymo" ? On est assez divisés au niveau de nos goûts, peu de groupes font l'unanimité, et lorsqu'un groupe nous plaît tous les quatre, c'est pas le même album?

AF : Comptez-vous intégrer des nouveaux genres musicaux dans les prochains albums ?

Nous n'avons pas l'habitude de planifier notre travail. Nous fonctionnons principalement à l'instinct. Au départ, nos compos sont des improvisations (que nous retravaillons). Donc, tout est possible ! Notre musique évolue en fonction de notre vécu.

AF : Quels sont les thèmes principaux abordés au sein de D.Majiria ?

C'est, la plupart du temps, un constat, fataliste dirons certains, de notre société. On n'est pas des donneurs de leçons. On constate, c'est tout. C'est à chacun de prendre ses responsabilités. Certains textes comme "Acide.com" dépeignent une jeunesse, dite intello, qui dénigre les sitcoms alors que leur réalité est bien pire? sous acide. "Buenas tardes" parle de l'alcoolisme, "Bombardier" de la phobie des avions? L'idée c'est aussi de prendre le contre-pied de certaines idées reçues, d'aller à l'encontre d'une forme de manichéisme. La vérité ne se trouve pas toujours dans le même camp.

AF : Comment qualifiez-vous votre genre de musique ?

Expressive. Energique. Réfléchie.

AF : Quels sont vos objectifs pour l?année à venir ?

Depuis avril, nous vivions un peu au ralentit, depuis le départ de notre ancien batteur. Heureusement, nous en avons trouvé un nouveau avec lequel on travaille depuis un mois à la refonte du set. On recommence la saison théoriquement mi-septembre. L'objectif est bien entendu de tourner le plus possible. On va reprendre aussi avec lui la composition du prochain album. La moitié des compos ont été travaillées avec notre ancien batteur. Reste à se mettre d'accord sur le studio dans lequel on va enregistrer.

AF : Connaissez-vous quelques groupes originaires du Québec ?

En ce moment, pour se mettre dans l'ambiance, on écoute "Tractor". Nous connaissons aussi "Guano", qui ont tournés un peu chez nous. "Grimskunk" sont aussi parvenus à nos oreilles et les radios nationales nous abreuvent de "Nickelback". Il est évident que l'on ne demande pas mieux de découvrir de nouveaux groupes québécois?

AF : Merci pour l'entrevue, bonne chance avec D.Majiria !

Merci à toi.

Rédigé par Annie Fournier