Metalize It (Avril 2003)

Quand on a un nom à coucher dehors, en général, on est très bon et on peut dire que la règle est respectée avec D.Majiria. Originaires de Liège (qui est la plus belle ville du monde car c'est la nôtre!), ils apportent de nouvelles couleurs à un métal qui en a bien besoin.

CL : Pouvez vous m'expliquer en quelques mots comment a commencé D.Majiria?

En 1998, Philippe (basse), JM (chant) et David (guitare) avaient un groupe et voulaient continuer à jouer ensemble. Il a fallut chercher un batteur, puis David est partit. Nous avons cherché un guitariste, ce fut Gaëtan, puis le batteur est parti. Il a fallu trouver un autre batteur et nous avons trouvé Yannick qui est resté dans D.Majiria jusqu'en avril 2002. Depuis juin, notre batteur c'est Patrice. C'est un début assez classique dans le rock… Il y avait tout de même une idée à la base, c'était de faire du rock énervé.

CL : Le terme D.Majiria est assez particulier d'où provient-t-il exactement et que signifie-t-il?

En général, nous fuyons la réponse à cette question ou nous répondons à côté de la plaque parce que nous ne voulons pas donner la vraie signification de "D.Majiria". Nous avons décidé qu'à partir d'aujourd'hui nous l'expliquerons. Exclusivité, donc, pour le "Metalize It"…

En 1930, au terme d'une longue expédition archéologique au sud du Japon, dans la province de Hokkaïdô, un savant français, du nom de Pierre Goupil, découvrit une tombe qui contenait quatre sarcophages. Sur ces quatre sarcophages, il y avait la même inscription : "Majiria". Impossible de déterminer l'origine ou l'identité des macchabéés, ce qui les distinguait, c'était l'étrange façon dont ils avaient été placés dans le cercueil. Tous de façons différentes, avec des tenues différentes… Sur chaque macchabée, il y avait un signe tatoué, l'un dans le cou, l'autre sur le ventre, un autre sur le biceps et le dernier la main. Le savant assimila cette forme à un "D" suivit d'un point mais ce n'était pas une lettre vu que les Japonais n'utilisent pas la même écriture que nous (le "majiria" était écrit en japonais). Ces quatre individus auraient été enterrés pendant la période des kofuns (3ème et 4ème siècle). Neuf semaines après sa découverte, Pierre Goupil disparu alors qu'il était dans le tombeau. On le retrouva 3 jours plus tard. Il avait découvert une cache et s'était fait renfermé dedans. Ses cheveux étaient devenus blancs. Il ne disait plus un mot et avait quatre points tatoués sur son front. Dans ses mains, un objet étrange, un masque que personne n'arriva à lui arracher. Dix ans plus tard, Pierre Goupil était toujours dans le même état, interné dans un asile de Paris. Lorsque la guerre éclata et que les Allemands entrèrent dans Paris, le bâtiment fut réquisitionné par l'armée d'occupation. Les infirmiers et le personnel soignant durent aider les soldats du reich à vider les lieux. Quelle ne fut pas leur stupeur de constater que Pierre Goupil avait disparu. On le retrouva cinq ans plus tard, le 30 avril pour être exact, à Berlin avec son masque au QG de l'armée nazi toujours à moitié fou…

Nous avons lu cette histoire dans un magazine d'art où un journaliste expliquait que le masque (qui est maintenant dans un musée) à été analysé au carbone 14 et serait en réalité daté de plus de 8000 avant notre ère… Les scientifiques ont supposé que l'inscription "majiria" fut placée plus tard… En réalité "majiria" en japonais veux dire démon, pour "ma" et lumière pour "jiria"… En japonais la sémantique est différente de la notre et "démon" n'est pas nécessairement négatif. Surtout qu'à l'époque, la religion shinto est en pleine effervescence, c'est la philosophie du yin et du yang. Tout peut être bien ou mal suivant ce que vous en faites… C'est un peu comme les archanges qui combattent le mal, ils ont aussi la force du démon.

CL : Pourquoi avoir choisi de chanter en français ne voulez-vous pas internationaliser votre musique?

Le français est une langue internationale. Elle est parlée dans la plupart des continents (Canada, Afrique du Nord, …) sans compter les pays francophiles où le français est tout aussi bien considéré (si pas plus) que l'anglais comme l'Italie, la Roumanie, le Japon, … En réalité, il n'y a que les pays anglo-saxons qui sont réfractaire au Français. Peut-être par paresse intellectuelle… Nous pensons qu'il n'y a que des avantages dans le chant en français : la possibilité de s'exprimer dans une langue que l'on comprend; le public nous comprend; nous n'estropions pas une autre langue; c'est plus facile pour faire passer des messages car en réalité, le choix d'une langue c'est culturel… Pourquoi dire en anglais ce que nous belge, qui parlons français, vivons dans notre quotidien de belge? Nous ne voulons pas paraître extrémiste mais pour nous c'est plutôt les groupes qui ne chantent pas dans leur langue natale qui son à côté de la plaque… Surtout quand c'est pour dire "à bas l'impérialisme américain…". Nous ne sommes pas le seul groupe à avoir choisis cette voie et pour les autres ça marche. Alors, pourquoi pas nous? Quand tu écoute "Mass Hysteria", "Lofofora", "Aqme", "Pleymo", "Watcha" et, plus les anciens, "FFF" et "Noir Désir", … Je ne comprend même pas pourquoi on nous pose encore cette question…

CL : A ce propos de quoi parlent vos textes?

En tout cas pas de l'impérialisme américain. En réalité, dans D.Majiria soit on s'en fou, soit on ne veux pas s'exprimer là dessus. Beaucoup de gens imaginent, par exemple, que "Tahiti Bob" est une chanson contre Bush… C'est ridicule car d'abord elle a été écrite à l'époque où Clinton était toujours président et en, réalité, c'est plutôt Milosevic qui a inspiré ce texte… Sa candeur à narguer la communauté internationale était grotesque. C'est clair que certains éléments du texte peuvent être identifiés à Bush car lui aussi est ridicule mais pour d'autres raisons. Plus généralement, nos textes analysent la nature humaine. Camus disait que l'humain est absurde et il a raison. L'humain est con et surtout incohérent. Regarde ce qui se passe pour le moment, il y a une ambiance d'anti-américanisme en Europe. C'est presque devenu une mode genre "T'as vu mon nouveau T-shirt anti Bush!". En Europe, nous râlons tout le temps mais nous sommes incapables d'apporter une vrai alternative politique à l'Amérique, sauf peut-être les Allemands. Eux, ils critiquent les guerres de pétrole mais roulent au Colza!

CL : L'appellation neo metal fusion est assez originale! Pourquoi ne pas avoir simplement opter pour neo metal , qui correspondrais peut être plus au style de D.Majiria?

Ca c'est un réel mystère. Quand nous avons eu en main les affiches du concert du CP-CR, il y avait cette appellation. Il faudrait demander à celui qui l'a mise, peut-être. En réfléchissant (un peu, pas trop d'effort), ça vient peut-être d'un article de W-Fenec ou il utilise, il nous semble, ce terme. Au final, on aime bien. Après le CP-CR, nous l'avons même refilée à d'autre organisateur quand ils le demandaient … On nous as aussi catalogué dans le FrenshCore et le FrenchMetal, ce qui n'est pas mal non plus… En réalité, tous ces termes techniques, c'est pour les journalistes ou autres acharnés… Une fois à un concert, il y avait dans le publique des trisomiques qui ont flashé sur notre musique. Ils étaient complètement désinhibé, pour eux pas de style de musique, pas de pop, pas de metal, pas de français, d'anglais, … juste des émotions, des mots qui claquent… C'est ça que nous recherchons chez l'auditeur : la spontanéité, nous cherchons à toucher son âme.

CL : Qui est le principal compositeur dans D.Majiria? Comment se déroule la naissance d'un morceaux?

C'est D.Majiria qui compose, une entité à quatre. Nous jouons. Nous improvisons. Nous nous enregistrons. Ensuite, nous dégageons ce qui nous semble intéressant. Puis, nous créons un "concept", genre "Ca c'est une chanson violente", "là dessus le public doit bouger", … Des concepts très basiques. A partir de là, nous savons comment orienter le morceau. Nous dessinons sa structure pas à pas. Nous imaginons comment le public va réagir et nous essayons de l'emmener d'un endroit à un autre avec parfois quelques étapes. Quand la compo est terminée, JM tire de son yaourt des sons, puis écris le texte en essayant de respecter les sonorités de base. Il s'inspire du concept et du titre qui est, en général, choisis dès le début de la création.

CL : Quelles sont vos principales influences?

Il y a des groupes pour lesquels nous avons beaucoup de respect mais nous ne sommes pas sous influences. Du moins pas consciemment, nous sommes certainement influencés par ce que nous écoutons mais ça c'est toujours différent de l'un à l'autre. Nous sommes probablement plus influencés par nos humeurs que par la musique. Bien sur ces humeurs peuvent elle-même être provoquée par la musique mais aussi par le cinéma, la télévision ou les gens qui nous entoure ou que nous rencontrons…

CL : Y a t ils beaucoup de demo? Par quel moyen sont elles disponible?

Nous avons enregistré une démo avant l'EP "Acide.com" mais elle n'a jamais été commercialisée. Par contre "Acide.com", qui est sortit en 2000 est en vente chez Caroline Music. Comme c'est une auto-prod' et qu'il n'est pas distribué, nous l'avons mis en vente aussi sur Internet sur notre site.

CL : Quelles sont vos projets d'avenir?

Ils sont nombreux. Un album : nous avons commencé à faire des pré-tests en studio en février, une mini tournée en France en mars et des concerts importants comme le FrenshCore avec Lofofora le 8 mars, le BlackJack Festival fin mars, un concert à "La zone" début avril, un en mai au "Magasin 4" à Bruxelles… Il doit avoir une douzaine de dates bouclée jusqu'en mai!...

Propos receuillis par Christophe Luyten pour le "Metalize It" numéro 4 d'avril 2003