Classic Rock (Spirit of 66, avril 2004)

Le métal n’est pas mort ! RAYA ET D. MAJIRIA S’EN OCCUPENT... TRIP D’ENFER À VERVIERS.

Deux groupes assez proches, somme toute, ce soir, au Spirit of 66. Les premiers, Raya, régionaux de l’étape ont choisi l’anglais pour s’exprimer, les seconds, D. Majiria, le français, ce n’est pas plus mal. On sent de la pêche et de la conviction chez ces jeunes loups sans complexes et ça oxygène un peu les neurones des anciens combattants que nous sommes devenus, nous les vieux croûms vite contents. Allez, du nerf, on y va, faut plonger dans la fournaise ! Le métal, mon gars, faut rentrer dedans, il n’y a rien à faire ! Si tu ne te mets pas en première ligne près du frontstage, avec les headbangers, si tu ne paies pas un peu de ta personne, si tu ne cherches pas à tremper des gouttes de sueur dans tes vibrations cacochymes, tu vas à peine entraver les sons à distance, supputer vaguement les rythmes et sentir tout juste que ça bouge... Mais si tu t’approches pour tutoyer les lights et défier la guitare les yeux dans les cordes, si tu es capable d’en prendre plein la gueule et de te télécharger les basses au fond des tripes, alors t’es un grand, t’es dedans, t’es digne de vivre la belle aventure du rock qui se renouvelle... Parce que quoi que tu en penses, tête de nœud, le rock existe et il là pour qu’on s’en serve ! ! ! Raya, est un groupe qui a de la gueule, du culot et un sens du riff qui tue. Ca tient la route et on sent du concret là-dedans. Pas facile d’arriver au pied levé dans une salle comme le Spirit of 66 mais ils ont assuré un max nos Verviétois. Ce combo vibre et tape juste. Tous les musicos tournent à plein régime dans un trip généreux qui fait du bien. J’ai noté une mise en place rapide, un balancement génial et des emballements rythmiques brûlants. Long live to you guys ! ! ! D. Majiria sait ce que punch veut dire. Bravo les petits ! Vous avez pu faire vibrer Papy DD encore une fois, par votre rage interposée, votre envie de dire les choses qu’on n’arrive même plus à penser... dans nos certitudes et nos évidences... Ca cartonne sec, vous donnez dans le métal pur jus et nous, les amortis du bulbe, on se souvient grâce à vous que cette musique a existé quelque part, un jour sur terre ! ! ! P ... ce mec qui chante, là, il s’appelle comment déjà ? J-M ? C’est ça ? Jean-Marc, en français dans le texte. J’adore. Il parle à nos peurs , il hurle cette radicale raison de penser qu’on s’encroûte et il a raison de le dire... Il a raison, vraiment, faut écraser ses doutes ! ! La « Route du Paradis » croise celle de « L’Absente » pour nous conduire sans transition, ni respiration, dans le creuset rouge vif d’un trip énorme. Ca bout, ça crisse, ça cogne, ça explose ! ! ! Derrière le frontman décidé, le combo musclé, déchaîné, culotté assure grave ! ! ! J’ai beaucoup aimé « Hybride » son intro feutrée (la bonne tape) et surtout une justesse de ton admirable. Ca donne dans le parfait ce truc... Toutes basses dehors (merci Bruno) on jouit, on sent des tonnes de forces là-derrière... Ouh ! Là, faut que j’ m’arrache et que j’aille voir cela de plus près. J’adore l’emballement rythmique général qui embrase les pulsions primales pour nous faire renaître de nos cendres, ailleurs, loin de la connerie, en tout cas ! (Gaetan tu m’épates vraiment, ta gratte crache des flammes de quinze mètres, au moins)... Ca navigue dans le gros son rude et brutal que d’aucuns réprouvent, mais qui assure à la longue lignée de rebelles que D. Majiria représente ici, un véritable avenir. Je sais que « ça saigne » parce que ça donne des coups, précisément... Je prends les rafales de drums dans la tronche et ça fait du bien... Géniale cette chanson, l’air de rien... « Jeu(x) Dangereux » s’approche comme un gros lézard géant, toute langue dehors, c’est lourd, mais bon, puis ça décolle gravos. Gaëtan mouline méchamment, je déguste les sorties de solo radicales et le chant énorme de l’ami J-M qui dédicace la suivante (« Les Enfants du Sang ») à Nico. Je ne sais pas qui est Nico mais je peux affirmer que les rafales de Gibson cousues dans ce tapis de basses multicolores valent le déplacement. Ca devient homérique et ça passe... Bruno et Patrice en phase, surveillés de près par l’ami Gaëtan, on est dans un heureux mélange qui dope férocement le moral et le mental. Pas fâché d’être venu... Nouvelle intro costaude (« Tahiti Bob » ) qui transporte les corps sonores rendus fous par la terrible pression basse/drums, vers un irrésistible achèvement. On n’est pas loin de la crémation, ça sent l’enfer mais cela vaut le paradis... « Libre Arbitre » clôture magistralement un show carré, direct, ébouriffant (je n’ose pas dire décoiffant...) Superbe partie de lead, adroite et décidée en clôture. J’apprécie, vraiment ! Longue vie à D. Majiria qui m’a donné du bonheur ce soir (ils ne sont pas les seuls d’ailleurs). Concert vitaminé, final énorme, son claquant et cadrage parfait ! Un quatuor à suivre...

Didier Dirix

Merci à Ronald pour sa précieuse collaboration et à la comète flamboyante qui m’a traversé le corps et le coeur, ce soir-là...

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